Je suis cas contact

Le 16 février 2021.

Je suis cas contact...

J’entre donc depuis quelques jours dans cette catégorie désormais fameuse de « cas contact ». Ma réaction, lorsque je l’appris, fut fataliste : « Fallait bien que ça arrive un jour ou l’autre ! », remarque digne du Café du commerce, que Bacri n’aurait pas reniée.

En y repensant ce matin, dans l’attente du test qui m’autorisera – ou non – à reprendre mes activités sous leur forme habituelle, je m’interroge sur le sens du mot contact. Spontanément me vient le lien avec le toucher (tact/tactile), confirmé par mon Robert historique : cum-tangere (tangible), donnant par dérivation contactus et contagio, désigne à la fois le toucher en général et le toucher infectieux en particulier. La langue française est décidément formidable !

Je mesure alors un paradoxe fondamental et quasi-oxymorique :

Réélection et nouvelles délégations

Le 10 août 2020.

Réélection et nouvelles délégations

Un petit point en cours d’été, alors même que se prépare la rentrée scolaire. Rentrée à double titre pour moi désormais : toujours en tant qu’enseignant et désormais comme adjoint au Maire de Nice délégué à l’éducation, au livre, à la lutte contre l’illettrisme et à l’identité niçoise, par la confiance que me témoigne Christian Estrosi. Une confiance qui m’honore et me ravit.

Comment ne pas se réjouir, évidemment, de démarrer un nouveau mandat dans un champ d’action qui me touche de si près et qui correspond tellement à ce que je suis ? Comment ne pas être enthousiaste à l’idée d’œuvrer avec Gaëlle, Laurence et Pierre, mes collègues élus subdélégués qui agiront à mes côtés ?

Évidemment, des objectifs me sont assignés que je m’efforcerai d’atteindre avec ardeur : développer la culture au sein de nos écoles ; renforcer l’utilisation des nouvelles technologies ; rendre nos écoles plus agréables au quotidien, notamment (Voir la vidéo présentant mes missions).

Profondément convaincu de l’importance de l’éducation, de la lecture et de l’écriture, il me tient à cœur, dans ces années qui s’annoncent, de placer le livre et la culture notamment au cœur de mon action. Rappelons en effet que, selon la loi du 28 juin 1833, l’école est une compétence de base de la commune (d’où le terme d’école communale) et que, par conséquent, son rôle en matière d’éducation est bien de venir en soutien à l’action pédagogique menée par les enseignants.

Apportons au passage une remarque d’ordre étymologique : éducation vient du latin ducere qui signifie conduire et, par extension, diriger la formation de quelqu’un par l’instruction et la pédagogie, en l’occurrence la formation de nos enfants.

Rappelons aussi que cela va au delà de l’instruction, le ministère de l’Instruction publique ayant disparu depuis 1932, sous le gouvernement d’Edouard Herriot, au bénéfice de l’Education nationale. Depuis les lois Ferry de 1881 et 1882, qui ont rendu l’école gratuite, l’éducation obligatoire et l’enseignement laïc, le rôle de la commune s’est trouvé renforcé. En prolongement, la loi du 8 juillet 2013 dite de refondation de l’école, en inscrivant le projet éducatif de territoire dans la loi, a reconnu aux collectivités locales leur rôle en matière éducative.

La tâche est donc ambitieuse, dans une société en quête de sens, dont l’avenir se dessine dans le doute et la peur, dans laquelle la violence s’installe chaque jour davantage. Il s’agit ni plus ni moins d’aider nos enfants à devenir des adultes conscients de leur état de citoyens, connaissant leurs racines et  capables par leur culture et leur détermination non seulement de s’intégrer à cette société mais aussi de la transformer. C’est bien là le défi que doivent relever les adultes, les parents, les enseignants ou les responsables politiques que nous sommes.

             

Confinement, douleur et création

Le 6 mai 2020.

Confinement, douleur et création

Cinquantième jour de confinement. En temps normal, j’aurais parcouru près de trois mille kilomètres, assuré plus de cent heures de cours, assisté à une vingtaine de réunions, reçu une soixantaine de personnes, participé à une dizaine de répétitions de théâtre, lu cinq ou six livres.

Cinquantième jour de confinement et je n’ai quasiment pas roulé, j’ai dispensé mes cours de chez moi, j’ai assisté à une quinzaine de visioconférences, je n’ai reçu personne, j’ai annulé les répétitions de théâtre et les représentations correspondantes, j’ai lu abondamment.

Mes deux seules sorties m’ont amené urgemment en consultation chirurgicale : un genou douloureux depuis plusieurs mois, qui devait être opéré. Qui à ce jour n’a toujours pas pu l’être, confinement oblige. Lorsque le temps sera venu de regarder cette période avec recul, je crois que je conserverai à l’esprit ce compagnonnage avec ma douleur. Oppressante, épuisante, elle a transformé la traversée d’un long tunnel en une randonnée de montagne : variations d’intensité, souffrance et répit, vif soleil et ciels noirs, abattement et enthousiasme.

Trois semaines

Le 7 avril 2020.

Trois semaines aujourd’hui. Trois semaines de confinement.

Nonobstant les contraintes, nonobstant l’inquiétude pour mes proches, mes amis et compagnons de route, nonobstant les incertitudes sur le monde à venir, nonobstant les engagements à respecter, nonobstant le soin à prendre de ceux qui souffrent, j’ai goûté ce temps.

Parce que le temps est bien une notion essentielle : issue du latin écclésiastique septimana, la semaine représente cette période de sept jours qui règle le déroulement de la vie religieuse, ensuite professionnelle et sociale. Elle règle le temps, parce qu’elle est rythmée d’habitudes, d’obligations, de traditions, de plaisirs et d’ennuis, de hauts et de bas, d’agitation et de calme… Et en ce temps de confinement où la semaine pourrait très bien compter quatre jeudis, nous touchons paradoxalement aux confins du temps : tout est lissé, plus de jours avec ou de jours sans, plus question d’en perdre ou d’en gagner. Alors que tant de nos concitoyens sont dans l’urgence, des soins, des traitements, de l’organisation, pour nous confinés il convient au contraire de prendre le temps.

Carnet Moleskine

Le 16 février 2020.

Je me suis offert un carnet Moleskine ! En soi, me direz-vous, rien d’extraordinaire, ce n’est qu’un carnet… Certes, mais il fait désormais partie de la liste des objets que je passe en revue le matin avant de partir : téléphone, stylo, portefeuille, clés...

Longtemps j’ai immodestement pensé qu’il serait pertinent d’avoir un carnet sur moi, dans lequel noter sur l’instant toutes ces idées géniales que ne cesse de produire mon cerveau dérangé. L’âge venant et l’expérience affinant ma lucidité, j’avais abandonné ce projet : combien d’idées méritent-elles d’être notées ? Objectivement peu. Exit le carnet, donc.

Et puis voilà qu’un personnage atypique et perspicace me suggère, au cours d’une bienveillante conversation sans concessions sur l’importance du plaisir, de me doter d’un carnet qui serait un aide-mémoire. J’y inscrirais sur le vif les bons moments de la vie.

Le tumulte du monde

Le 28 décembre 2019.

« Non, le cœur ne se nourrit point dans le tumulte du monde. » Voici ce que, dans La nouvelle Héloïse, Jean-Jacques Rousseau fait écrire à Saint-Preux dans une de ses lettres à Julie.

Paisiblement assis dans un fauteuil au pied du sapin, je ressens profondément cette pensée, dans la sérénité de la montagne. Il est curieux de constater combien, lorsque nous trouvons le temps de regagner notre havre en altitude, la même sensation nous saisit systématiquement : le temps se distend, de nouveaux rythmes de vie s’imposent à nous – nous parvenons même à ne rien faire ! - et nous goûtons davantage encore la chance de notre bonheur. Alors, me dis-je dans mon fauteuil, pourquoi ne pas nous échapper plus souvent de ce monde tumultueux ? Pourquoi ne pas décider, tout simplement, d’un mode de vie différent, plus équilibré et plus sage, finalement ?